"(…) Nous y discernons des pluies, des objets extraits des estampes d'Hiroshige; nous y reconnaissons les moyens de transport traditionnels - un palanquin, une barque - ainsi que tout ce qui peut être utile en voyage: un bol, un appuie-tête (makura) ou une boîte à écriture. En changeant d'échelle, ces ustensiles perdent le lien direct avec leur fonctionnalité, devenant non seulement des oeuvres de contemplation mais aussi créant un espace pour la contemplation. (…)" |
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Aliska Lahusen propose un choix d'oeuvres re-visitées dans lesquelles elle reprend, sur papier et feuille d'étain, des images de ses propres créations sur lesquelles elle intervient avec ses préoccupations et ses outils du présent: le climat, le vocabulaire, l'écriture demeurent mais l'approche est différente, renouvelée. |
Réminiscences de voyages, ces travaux peuvent se voir comme les échos d'un carnet de route duquel
ne serait extrait qu'un ensemble choisi d'images et d'objets dont la somme condenserait l'essentiel d'une quête: ustensiles rituels ou quotidiens sublimés pour devenir archétypes abstraits, images de ciels et
de lointains évoquant des paysages intérieurs. |
Le tambour est l’instrument qui le plus agit sur la psyché, capable de provoquer autant l’exaltation
que la terreur. Il est un éveilleur de l’esprit. Mais ici ces “tambours“ nous sollicitent
non par le son mais par des couleurs d’une étonnante profondeur dans la contemplation
desquelles nous retrouvons, effarés, notre image troublée. |
Les miroirs, dans la tradition japonaise, sont associés à l’obscurité car ils captent et conservent la lumière.
Je recherchais un medium que je pourrais utiliser comme pour enregistrer, strate par strate, des instants
de conscience. Je voulais aussi pouvoir jouer autant de la couleur que de la lumière
et de la transparence. La laque traditionnelle me paraissait capable de transmettre
ce sentiment de l’existence et je me suis tournée vers elle. |
La lithre est un trait noir qui, parfois, barre les parois de quelques édifices religieux médiévaux de Bourgogne en signe de deuil et les marques par sa radicalité sans respect pour ce qu’elle recouvre, fresques et peintures. Cette symbolisation violente autant que minimale de l’affliction a suscité mon intérêt. |
… Mes peintures sont comme une projection bidimensionnelle de mes sculptures qui forme la base d'une image qui s'autonomise pour construire sa propre identité, tout en conservant ou développant une charge émotionnelle de même nature. Le travail qui les élabore repose sur la temporalité, l'accumulation des couches picturale et leurs effacements successifs : à l'accomplissement, ne subsistent que les marques du fondamental… |
Dans l'imaginaire universel la barque est évocatrice de voyage, surtout de voyage vers un “autre monde“.
Mes barques à moi certes appellent à l'appareillage vers l'ailleurs mais sont porteuses de vie
et invitent vers un ailleurs intime. |
Le Bol de mendiant se libère de toute charpente et, en s'épanouissant dans une forme simple et sereine,
il affirme autant la générosité du don que la force de l'acceptation |
Le lit appartient au monde des départs: une personne a reposé là, en reste l'empreinte évocatrice. Le souvenir du sommeil et de ses ambiguïtés se confronte au silence de l'absence. Le lit est le lieu dans lequel se conjuguent nos désirs et notre fragilité, celui dans lequel le moi s'anéantit et s'oublie. |
Mes travaux ne sont pas sans rappeler d'hypothétiques édifices rituels, ni sans évoquer d'antiques observatoires. Ces apparentements ne sont pas fortuits: les uns et les autres, ces monuments et mes sculptures,
résultent d'une démarche similaire, faite de contemplationet de questionnement,
comme la rigueur scientifique fusionne avec l'intuition spirituelles. |
Crédits photographiques :
M. Lorthios, A. Morain, F. Talairach, J. Py,
H. Skrobeck, H. Zaworonko, Wela,
S. Mathieu, J. Pugin, A.Janikowski,
A. Germond, P. Bayle
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